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§ XIX.


Explication mythique du récit à différents degrés.

Nous avons montré plus haut qu’il était nécessaire, et en dernier lieu qu’il était possible de révoquer en doute la fidélité historique du récit ; aussi plusieurs théologiens y ont pris occasion de déclarer que toute la relation sur l’annonciation de la naissance de Jean-Baptiste est une légende née de l’importance que Jean, comme précurseur de Jésus, avait pour les chrétiens, et de l’imitation de quelques récits de l’Ancien Testament, dans lesquels la naissance d’Isaac, de Samuel, et particulièrement de Samson, est annoncée d’une manière semblable. Mais, dit-on, la fiction n’y est pas sans mélange d’histoire, et il peut être historiquement vrai que Zacharie ait longtemps vécu avec Élizabeth dans une union stérile ; qu’un jour, dans le temple, une congestion sanguine ait tout à coup arrêté la langue du vieux prêtre ; que, bientôt après, sa femme âgée lui ait donné un fils ; et que, dans sa joie de cette naissance, il ait recouvré l’usage de la parole. Dès lors, et encore plus lorsque Jean fut devenu un homme remarquable, le souvenir de ces circonstances fit sensation, et il s’en forma la légende en question[1].

Nous devons nous étonner de voir reparaître ici, sous un autre titre, presque la même explication que celle qui a déjà été jugée sous le nom d’explication naturelle. Tout en admettant la supposition d’un mélange possible de légendes postérieures dans le récit, on ne modifie presque aucunement le jugement porté sur la chose même. L’explication mythique, sur le terrain de laquelle nous sommes entrés maintenant, renonce, une fois pour toutes, à regarder les récits comme de la véritable histoire ; par conséquent, toutes

  1. E. F. Sur les deux premiers chapitres, etc., dans Henke’s Magazin, 5, 1, S. 16 ff. ; et Bauer, Hebr. Mythol., 2, 220 f.