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pante avec certaines idées qui prévalent dans le cercle même où ce récit est né, et qui semblent plutôt être le produit d’opinions préconçues que le résultat de l’expérience, alors il est plus ou moins vraisemblable, d’après les circonstances, que le récit a une origine mythique. Ainsi, nous savons que les Juifs aimaient à représenter de grands hommes comme fils de mères demeurées longtemps stériles ; cela seul doit nous mettre en défiance contre la vérité historique du récit qui fait naître de cette façon Jean-Baptiste. Nous savons encore que les Juifs voyaient, dans les écrits de leurs prophètes et de leurs poètes, des prédictions, et, dans la vie des anciens hommes de Dieu, des types du Messie ; cela nous suggère le soupçon que ce qui, dans la vie de Jésus, est visiblement figuré d’après de tels dires et de tels précédents, appartient plutôt au mythe qu’à l’histoire.

Les caractères plus simples de la légende et des additions provenant de l’écrivain, n’ont plus besoin d’une explication particulière, après ce qui en a été dit dans le paragraphe précédent.

Mais si l’on considérait isolément chacun de ces motifs d’une part, et chacun des récits évangéliques d’autre part, on obtiendrait rarement plus qu’une simple possibilité et vraisemblance du caractère non historique des récits. Pour atteindre à une détermination plus précise, il faut d’abord faire concourir plusieurs des motifs énumérés plus haut. Ainsi, l’histoire des Mages et le massacre des innocents à Bethléem concordent, il est vrai, d’une manière frappante avec les idées juives sur l’étoile du Messie prédite par Balaam, et avec le précédent de l’ordre sanguinaire donné par Pharaon ; mais cela seul ne suffirait pas pour qu’on regardât avec certitude ces deux récits comme mythiques. Or, il s’y joint que ce qui y est dit de l’étoile contredit les lois naturelles, et ce qui est attribué à Hérode les lois psychologiques ; que l’historien Josèphe, qui donne tant de détails