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ou autrement qu’il ne fait lui-même d’ordinaire. Tel est, par exemple, le cas des membres du sanhédrin juif, qui ajoutent foi au dire des gardes placés auprès du tombeau de Jésus et venant annoncer sa résurrection, et qui, au lieu de les accuser de s’être laissé dérober le corps pendant leur sommeil, les engagent, à prix d’argent, à répandre le bruit de cet enlèvement. On rangera dans la même catégorie l’incapacité de la mémoire humaine à retenir et à reproduire des discours comme ceux de Jésus dans le quatrième évangile.

Cependant il est vrai de dire que bien des choses surviennent plus soudainement qu’on ne devrait s’y attendre ; et combien de fois les hommes n’agissent-ils pas avec inconséquence et sans fidélité à leur caractère ! On n’usera donc de ces deux derniers points qu’avec prudence et conjointement avec d’autres critériums du mythe.

2° Mais ce n’est pas seulement avec les lois qui règlent les événements, c’est encore avec elle-même et avec d’autres relations qu’une relation doit être d’accord pour avoir une valeur historique.

Le désaccord est le plus grand quand il va jusqu’à la contradiction, et qu’une relation dit ce qu’une autre nie. Par exemple, un récit dit expressément que Jésus ne prêcha en Galilée qu’après l’arrestation de Jean-Baptiste, et un autre récit, après que Jésus a longtemps prêché tant en Galilée qu’en Judée, remarque que Jean-Baptiste n’avait pas encore été jeté en prison.

Si, au contraire, la seconde relation donne seulement quelque chose de différent de ce que donne la première, le désaccord porte ou sur des points accessoires, le temps (purification du temple), le lieu (ancienne résidence des parents de Jésus), le nombre (hommes de Gadara, anges au tombeau), le nom (Matthieu et Lévi), ou il porte sur le fond même des événements. Dans ce dernier cas, tantôt les