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tères qui semblent indiquer aussi une origine traditionnelle ; pour de telles parties la dénomination de légendes est plus convenable.

Enfin, il faut distinguer, aussi bien du mythe que de la légende, ce qui, ne servant pas à une idée métaphysique ni ne dérivant de la tradition, doit être considéré comme une addition de l’écrivain, addition purement individuelle et qui a pour but de rendre les objets présents au lecteur, de les enchaîner, de les amplifier, etc.

Je n’ai voulu ici qu’énumérer les formes diverses que la portion non historique a prises dans les évangiles. La portion historique qui y reste encore en quantité considérable n’en souffre aucune atteinte.


§ XVI.


Caractères distinctifs de la portion non historique dans le récit des évangiles.

La possibilité du mythe et de la légende dans les évangiles étant ainsi démontrée d’après des raisons tant extrinsèques qu’intrinsèques, et l’idée et les espèces en étant déterminées, on se demande en terminant : Comment en reconnaître la présence dans un cas particulier ?

Le mythe lui-même a deux faces : d’abord, il n’est pas de l’histoire ; secondement, il est une fiction, produit de la direction intellectuelle d’une certaine société ; par conséquent, on le reconnaîtra à deux ordres de caractères, les uns négatifs, les autres positifs[1].

A. Un récit n’est pas historique, ce qui est raconté n’est pas arrivé de la manière qu’on le raconte :

1o Quand les événements relatés sont incompatibles avec les lois connues et universelles qui règlent la marche des événements.

  1. Comparez, outre les écrits plus anciens cités § viii, le livre de Bohlen intitulé Die Genesis, S. xvii, et particulièrement George, Mythus und Sage, S. 91 ff.