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et de ses entours. La proportion de ceux qui durent être composés intégralement fut petite.


§ XV.


Idée et espèces du mythe évangélique.

Tout ce qui précède montre quel est le sens précis dans lequel nous employons l’expression de mythe appliquée à certaines parties de l’histoire évangélique. En même temps, qu’il me soit permis d’en exposer ici, par avance, les espèces et les gradations différentes que nous rencontrerons dans cette histoire.

Nous nommons mythe évangélique un récit qui se rapporte immédiatement ou médiatement à Jésus, et que nous pouvons considérer, non comme l’expression d’un fait, mais comme celle d’une idée de ses partisans primitifs. Sur le terrain de l’évangile comme sur d’autres terrains, nous trouverons que le mythe, pris dans ce sens, est tantôt un mythe pur formant la substance du récit, tantôt un accident dans une histoire véritable.

Le mythe pur, dans l’évangile, aura deux sources qui, dans la plupart des cas, concourent simultanément à sa formation ; seulement, tantôt l’une, tantôt l’autre prédomine. La première de ces sources est, comme il a été dit, l’attente du Messie sous toutes les formes, attente qui existait parmi le peuple juif avant Jésus et indépendamment de lui ; la seconde est l’impression particulière que laissa Jésus en vertu de sa personnalité, de son action et de sa destinée, et par laquelle il modifia l’idée que ses compatriotes se faisaient du Messie. C’est presque uniquement de la première source que provient, par exemple, l’histoire de la transfiguration ; la seconde n’y a peut-être fourni qu’un trait, c’est celui où les personnages apparus sont représentés s’entretenant avec Jésus de la mort qui l’attend. Au contraire, c’est de la seconde source que dérive le récit où le rideau du