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actes particuliers ; et à l’opinion opposée, en tant qu’elle distingue l’action de Dieu dans la création de son action dans la conservation du monde.

Si donc l’idée de Dieu exige une action immédiate, l’idée du monde, une action simplement médiate, et si l’on ne peut concilier ces deux actions en admettant entre elles une alternative, il ne reste plus qu’à supposer que toutes les deux sont constamment et perpétuellement réunies c’est-à-dire que l’influence de Dieu sur le monde est toujours double, à la fois immédiate et médiate. À la vérité, soutenir cela, c’est soutenir qu’elle n’est ni l’une ni l’autre, et la distinction qu’on cherche à établir perd toute sa valeur. Essayons de nous représenter plus exactement ces rapports. Si l’on part de l’idée de Dieu, laquelle exige une action immédiate sur le monde, le monde est éternellement, pour Dieu, un tout ; au contraire, du point de vue du monde, du fini, le monde est essentiellement quelque chose composé de parties et de fragments, et c’est là ce qui exige pour nous une intervention de Dieu simplement médiate. De sorte qu’il faut dire : Sur le monde, dans son ensemble, Dieu agit immédiatement ; mais sur chaque partie il n’agit que par l’intermédiaire de son action sur les autres parties, c’est-à-dire par les lois naturelles[1].

Cette manière de voir, d’après laquelle Dieu n’agit immédiatement que sur l’ensemble, n’est pas plus favorable à la valeur historique de l’histoire biblique que l’opinion examinée plus haut, suivant laquelle Dieu n’agit sur le monde que médiatement. Les miracles que Dieu opéra pour et par Moïse et Jésus ne découlent point de son influence immédiate sur l’ensemble, mais ils supposent une intervention immédiate sur des parties du monde, et contredisent, de la

  1. À cette manière de voir se rangent essentiellement : Wegscheider, Institut. theol. dogm., § 12 ; De Wette, Bibl. Dogm. Vorbereitung ; Schleiermacher, Glaubensl., § 46 f. ; Marheinecke, Dogm., § 269 ff. Comparez George, p. 78.