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dans les espaces inter-cosmiques, aux yeux des astronomes, la terre ne s’est arrêtée dans sa révolution diurne, ni le soleil n’a reculé vers son lever, ni l’ombre du cadran n’a manqué de suivre l’astre dont elle marque les pas ; et les calculs d’éclipses, toujours établis longtemps à l’avance et toujours vérifiés, témoignent qu’en effet rien de pareil ne se passe dans les relations des planètes et de leur soleil. Ainsi a parlé l’expérience perpétuelle.

Cette expérience a eu un autre résultat encore plus décisif. Elle a servi de base à une induction générale qui n’est autre que la doctrine des lois naturelles et de leur constance. Ce n’est point par hasard, si jamais l’ordre des choses ne s’est démenti, si jamais des interversions n’ont eu lieu dans l’arrangement du monde, dans la succession des causes et des effets. L’étude séculaire des phénomènes, étude préparée, entamée, poursuivie par toutes les civilisations qui se sont remplacées l’une l’autre dans une série hiérarchique, a dévoilé en général comment les choses se meuvent, s’arrangent, agissent mutuellement, se combinent et se décomposent, vivent et meurent, se transmettent par filiation et se perfectionnent. Les lois des nombres, des formes géométriques et des mouvements sont connues ; la pesanteur meut les astres dans leurs orbites ; la matière est chaude, lumineuse, électrique, magnétique, sonore, suivant des conditions régulières. Elle est douée d’une force secrète qui la travaille en ses molécules et la désagrège incessamment pour en former d’autres agrégats déterminés. Des propriétés encore plus particulières règlent la constitution des corps organisés, donnent la vie, l’entretiennent et la renouvellent. Enfin, dans cette masse vivante qui se divise hiérarchiquement en végétalité, animalité et huma-