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L’adversaire du christianisme, Celse (après 150), dit aussi que les disciples de Jésus ont écrit son histoire[1], et il fait allusion à nos évangiles actuels quand il parle de leur désaccord sur le nombre des anges à la résurrection de Jésus[2] ; mais il n’indique pas les auteurs d’une manière plus précise, autant du moins que nous pouvons le voir dans Origène[3].

Nous avons du même Papias, qui donne la notice sur Matthieu, un témoignage sur Marc, témoignage qui même provient de la bouche du πρεσϐύτερος Johannes. Il y est dit que Marc, qui, suivant Papias, avait été interprète de Pierre, ἑρμηνευτής, avait, d’après les renseignements de ce dernier, et de souvenir, consigné par écrit les discours et les actions de Jésus[4]. Les écrivains ecclésiastiques supposent également que cette indication se rapporte à notre second évangile ; mais le passage de Papias n’en dit rien, et même il ne convient nullement à cet évangile. En effet, notre second évangile ne peut avoir été puisé dans le souvenir des enseignements de Pierre, c’est-à-dire provenir d’une source particulière et primitive ; car on prouve qu’il a été composé à l’aide du premier et du troisième, quand ce ne serait que de mémoire[5]. Ce que Papias dit plus loin, que Marc n’a pas écrit avec ordre οὐ τάξει, ne convient pas davantage à l’évangile en question. Il ne peut pas indiquer par là une falsification dans l’arrangement chronologique, car il attribue à Marc le plus sévère attachement à la vérité ; senti-

  1. Dans Orig., C. Cels., 2, 16.
  2. Ibid., 5, 56.
  3. L’authenticité de l’évangile de Matthieu a été tellement ébranlée par les attaques récentes de Schulz, Sieffert et Schneckenburger, et si peu restaurée par les défenses de Kern et d’Olshausen, que Tholuck, dans son livre Sur la Crédibilité de l’histoire évangélique, où il essaie de démontrer l’authenticité des autres évangiles, n’entreprend pas, à l’égard de celui de Matthieu, cette démonstration comme menant trop loin. (P. 240.)
  4. Euseb., H. E., 3, 39.
  5. Cela a été porté jusqu’à l’évidence par Griesbach : Commentatio qua Marci evangelium totum e Matthæi et Lucæ commentariis decerptum esse demonstratur, dans ses Opusc. acad., éd. Gabler, vol. 2, n° 22. Comparez Saunier, Ueber die Quellen des Evangeliums des Markus, 1825.