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être en contradiction avec les résultats fournis par les raisons intrinsèques, ou si ces témoignages, insuffisants par eux-mêmes, ne laissent pas aux raisons intrinsèques la décision entière du problème.

À la fin du second siècle après J.-C, nos quatre évangiles, comme nous le voyons par les écrits de trois docteurs de l’Église, Irénée, Clément d’Alexandrie et Tertullien, étaient reconnus comme provenant d’apôtres et de disciples d’apôtres parmi les orthodoxes ; et, en qualité de documents authentiques sur Jésus, ils avaient été séparés d’une foule d’autres productions semblables. Le premier, dans l’ordre de notre canon, était supposé rédigé par Matthieu, qui, dans tous les catalogues, est compté au nombre des douze apôtres ; le quatrième, par Jean, le disciple chéri du maître ; le second, par Marc, l’interprète de Pierre ; le troisième, par Luc, le compagnon de Paul[1]. Mais nous avons aussi des témoignages d’écrivains plus anciens, soit dans leurs propres écrits, soit dans des citations faites par d’autres.

On rapporte ordinairement au premier évangile le témoignage de Papias, évêque d’Hiérapolis. Papias, qui avait été auditeur, ἀκουστής, de Jean (probablement le Prêtre), et que l’on suppose avoir été martyrisé sous Marc-Aurèle, 161-180[2], rapporte que l’apôtre Matthieu avait écrit les mémorables, τὰ λόγια, les mémorables du Seigneur, τὰ κυριακά[3]. Pressant la signification du mot λόγια, Schleiermacher a voulu tout récemment entendre par là une collection seulement des discours de Jésus[4]. Mais là où Papias parle de Marc, il emploie, comme phrases équivalentes, les mots : faire un traité des mémorables du Seigneur, σύνταξιν τῶν κυριακῶν λογίων ποιεῖσθαι ; et les mots : écrire

  1. Voyez les passages dans De Wette, Einleitung in d. N. T., § 76.
  2. Voyez Gieseler, K. G., 1, S. 115 f.
  3. Euseb., H. E., 3, 39.
  4. Sur le témoignage de Papias relatif à nos deux premiers évangiles, dans Ullmann’s Studien, 1832, 4, S. 736 f. Credner s’accorde avec lui, Einleitung in das N. T., 1, S. 91.