Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

témoins oculaires. Quant au fond, les récits mêmes qui ont un caractère merveilleux sont tellement dignes de la divinité, qu’il faut avoir une véritable horreur des miracles pour douter de leur réalité historique. Quoiqu’il soit vrai que d’ordinaire Dieu n’agit que médiatement sur l’univers, cependant, dit Heydenreich, cela n’exclut pas la possibilité d’une intervention immédiate et exceptionnelle, du moment qu’il la trouve nécessaire pour atteindre un but particulier ; et, examinant l’un après l’autre les attributs divins, Heydenreich montre qu’ils ne sont pas en contradiction avec une telle intervention ; puis il fait voir que, pour chaque miracle en particulier, la main de Dieu s’est manifestée parfaitement à propos.

Mais ces objections et d’autres semblables contre l’explication mythique des récits évangéliques, déposées dans une foule d’écrits, et nommément dans les commentaires récents sur les évangiles, trouveront d’elles-mêmes, par la suite, place et réfutation.


§ XIII.


La possibilité de l’existence de mythes dans le Nouveau Testament
est montrée par des raisons extrinsèques.

L’assertion qu’il se trouve des mythes dans les livres bibliques va directement contre le sentiment intime du chrétien croyant. Lui, si son regard est circonscrit par la communauté chrétienne où il vit, ne sait qu’une chose, c’est que ce qui lui est raconté par les livres sacrés de cette communauté s’est littéralement passé ainsi ; aucun doute ne s’élève en lui, aucune réflexion ne le trouble. Si son horizon est assez étendu pour qu’il aperçoive sa religion à côté des autres, et qu’il la compare avec elles, voici la forme que prend son jugement : ce que les Païens racontent de leurs dieux, les Musulmans de leur prophète, est faux ; au contraire, ce que les livres bibliques racontent des actions de