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plus anciens livres bibliques, qui ont moins de garantie historique, et s’il ne s’en trouvait pas dans les livres plus récents, on pourrait considérer le merveilleux comme un caractère du récit mythique ; mais le merveilleux se rencontre dans les livres plus récents, qui sont incontestablement historiques, non moins que dans les livres plus anciens ; en conséquence, on ne peut le regarder comme un critérium du mythique. L’explication naturelle la plus vide, pourvu qu’elle conservât un peu d’histoire, même quand elle y anéantissait toute signification supérieure, était, pour ces orthodoxes, préférable à l’explication mythique. Certes, ce qu’il y a de pis en explication naturelle, c’est de considérer, avec Eichhorn, l’arbre de science comme un végétal vénéneux ; car, de la sorte, le récit de la chute du premier homme est ravalé au dernier degré et dépouillé de toute valeur absolue ; et quand, plus tard, Eichhorn, revenant sur son opinion, en donna une explication mythique, il sut y trouver une pensée intérieure qui avait au moins un certain mérite[1]. Néanmoins Hess se déclara bien plus satisfait de la première interprétation, et il en prit la défense contre l’interprétation mythique qu’Eichhorn avait proposée postérieurement[2]. Tant il est vrai qu’un tel surnaturalisme, semblable aux enfants, préfère une enveloppe peinte des couleurs de l’histoire, quelque vide qu’elle soit de toute signification divine, au fond le plus riche, dépouillé de ce vêtement bigarré !

Plus tard ce fut De Wette qui, poursuivant hardiment le point de vue mythique à travers les livres mosaïques, rejetant décidément le moyen terme de la conception historico-mythique, laquelle n’était dans le fait que la conception naturelle, et renonçant rigoureusement à tout reste certain d’histoire dans ces récits, provoqua la contradiction de

  1. Voyez plus haut, § 6.
  2. Bibl. d. h. G., 2, S. 251 f.