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les mythes historiques avec les philosophiques ; car, on le voit par les échantillons que j’ai donnés plus haut du Mémoire de l’anonyme E. F., cet auteur est tellement renfermé dans le point de vue historico-mythique, que l’on pourrait même considérer ses explications comme des explications naturelles.

Relativement à l’histoire mosaïque, les raisonnements frappants de De Wette sont également dirigés contre l’arbitraire de l’explication historico-mythique et de l’explication naturelle ; relativement au Nouveau Testament, l’anonyme, dans le Journal critique de Berthold[1], fut celui qui se déclara le plus décidément contre toute tentative de chercher encore un fondement historique aux mythes des évangiles. Le terme moyen proposé par Gabler, entre l’admission exclusive de mythes historiques ou de mythes philosophiques, ne lui paraît pas non plus acceptable ; car il se pourrait qu’au fond de la plupart des relations du Nouveau Testament, il y eût quelque fait réel, sans qu’on fût aujourd’hui en état de séparer ce fait réel du mélange mythique, et de faire la part de l’un et l’autre élément. Usteri tint le même langage : il n’est plus possible de distinguer quelle part de réalité historique et quelle part de symbole poétique les mythes évangéliques contiennent ; la critique n’a pas d’instrument assez tranchant pour isoler ces deux éléments l’un de l’autre ; tout au plus peut-on arriver à une sorte de probabilité, et dire : Ici il y a, au fond, plus de réalité historique ; là prédominent la poésie et le symbole.

Deux directions opposées partagent ici les interprètes ; les uns savent trouver, avec trop de facilité, le fond historique renfermé dans les récits mythiques de l’Écriture ; les autres, désespérant d’avance de réussir dans cette opération,

  1. Sur les différentes considérations avec lesquelles et pour lesquelles le biographe de Jésus peut travailler, dans Bertholdt’s Krit. Journal, 5, S. 235 ff.