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jamais arrivées[1]. À la vérité, il ne veut admettre uniquement, dans le Nouvenu Testament, ni des mythes philosophiques, ni des mythes historiques ; mais, prenant un terme moyen, il se décide tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, suivant la nature du récit. Il faut, dit-il, se garder autant de l’arbitraire qui ne veut voir que de simples pensées philosophiques là où percent des faits réels, que de la disposition opposée où l’on prétend expliquer naturellement et historiquement ce qui n’est qu’enveloppe mythique. Ainsi, quand il est très facile de déduire un mythe d’un raisonnement ; quand, en même temps, toute tentative d’y découvrir le fait pur et d’expliquer par là naturellement la narration merveilleuse, ou bien est un tour de force, ou bien tombe même dans le ridicule, c’est, dit Gabler, une marque sûre qu’il faut chercher ici un mythe philosophique et non un mythe historique. L’interprétation philosophico-mythique, dit-il en terminant, est, au surplus, en maintes circonstances, beaucoup moins choquante que l’interprétation historico-mythique[2].

Malgré cette tendance de Gabler à introduire le mythe philosophique dans l’histoire biblique, ce n’est pas sans surprise qu’on le voit ne pas paraître savoir lui-même, dans l’application, ni ce qu’est un mythe historique, ni ce qu’est un mythe philosophique. En effet, il dit, en parlant des interprètes mythologiques du Nouveau Testament, que, parmi eux, les uns ne trouvent dans l’histoire de Jésus que des mythes historiques, comme le docteur Paulus ; les autres, que des mythes philosophiques, comme l’anonyme E. F., dans le Magasin de Henke. Or, il est clair qu’il confond les explications naturelles avec les explications historico-mythiques ; car on ne trouve que les explications naturelles dans le Commentaire de Paulus. Il ne confond pas moins

  1. Gabler’s Journal für auserlesene theol. Literatur, 2, 1, S. 46.
  2. Gabler’s Neuestes theol. Journal, 7. Bd., S. 83, vgl. 397 und 409.