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d’autres mythes du Nouveau Testament. Seulement il ne faut pas croire que l’un d’eux se soit mis à sa table, ait composé lui-même ces récits, comme autant de fictions poétiques, et les ait couchés par écrit ; non, ces récits, comme toutes les légendes, se sont formés peu à peu d’une manière dont on ne peut plus retrouver la trace, ont pris de plus en plus de la consistance, et ont fini par être consignés dans nos évangiles écrits.

Pour l’Ancien Testament, nous l’avons vu, la conception mythique ne pouvait être maintenue que par ceux qui niaient, en même temps, que les documents historiques qu’il renferme eussent été rédigés par des témoins oculaires et des contemporains. Il en fut de même pour le Nouveau Testament. Eichhorn admettait que, dans les trois premiers évangiles, on ne peut suivre qu’une trace bien mince de l’évangile primitif, accrédité par les apôtres, trace qui même, dans l’évangile de Matthieu, est enveloppée d’une masse d’additions étrangères à ces disciples immédiats de Jésus ; et ce ne fut qu’ainsi qu’il parvint à écarter de la vie de Jésus, comme légendes non historiques, plusieurs faits qui le choquaient, tels que, outre l’évangile de l’enfance, les détails de l’histoire de la tentation, beaucoup de miracles opérés par Jésus, la résurrection des saints à sa mort, la garde à son tombeau, etc.[1]. Depuis, l’opinion s’est établie[2] que les trois premiers évangiles proviennent d’une tradition orale ; et c’est aussi, surtout depuis ce temps, qu’on y a trouvé, soit des ornements mythiques, soit des mythes entiers[3]. D’un autre côté, la plupart regardent aujourd’hui l’évangile de Jean comme authentique, et, en conséquence, comme présentant une certitude complètement

  1. Einleitung in das N. T. 1, S. 422 ff., 453 ff.
  2. Surtout par Gieseler, Ueber die Entstehung und die frühsten Schicksale der schriftlichen Evangelien.
  3. Voyez l’Appendice de l’écrit de Schultz sur la communion, et les écrits de Sieffert et de Schneckenburger sur l’origine du premier évangile canonique.