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non sans s’être vu, en différentes circonstances, amené à justifier cette extension. Déjà Gabler avait reproché au Commentaire de Paulus de trop peu accorder au point de vue mythique, lequel doit être admis pour certains récits du Nouveau Testament. Plusieurs de ces récits, en effet, ne contiennent pas seulement des jugements erronés, comme des témoins oculaires sont dans le cas d’en porter, mais ils contiennent aussi, non rarement, des faits faux et des événements impossibles, qui n’ont jamais pu être narrés de la sorte par des témoins oculaires ; et comme la tradition seule est capable de former ces fictions, il faut les concevoir d’une manière mythique[1].

La principale difficulté à lever, quand de l’Ancien Testament on transporte le point de vue mythique dans le Nouveau, est celle-ci : on ne cherche ordinairement les mythes que dans les âges primitifs et fabuleux du genre humain, époque où l’on ne consignait par écrit aucun événement. Or, du temps de Jésus, les siècles mythiques étaient depuis longtemps passés, et depuis longtemps aussi la nation juive avait pris l’habitude d’écrire. Cependant déjà Schelling (Mémoire cité) avait accordé, au moins dans une note, que l’on pouvait, dans un sens plus large, appeler encore mythique une histoire qui, bien qu’appartenant à une époque où depuis longtemps on avait la coutume de tout écrire, s’était propagée dans la bouche du peuple. En conséquence, d’après Bauer[2], il ne faut pas chercher dans le Nouveau Testament une série de mythes, une histoire mythique d’un bout à l’autre ; mais il s’y peut rencontrer des mythes isolés, soit qu’ils aient été transportés de l’Ancien Testament dans le Nouveau, soit qu’ils soient nés dans celui-ci primitivement. Ainsi Bauer trouve, particulièrement dans l’histoire

  1. Examen du Commentaire de Paulus, dans n. theol. Journal, 7, 4, 395 ff., 1801.
  2. Hebræische Mythologie, 1. Thl., Einl., § 5.