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d’Hérode Agrippa, le récit de Josèphe[1], à côté de celui des Actes des apôtres, 12, 23. Mais en l’absence d’un pareil contrôle sur l’histoire de Jésus, le commentateur ne formerait qu’un tissu d’hypothèses impossibles à prouver, si dans les narrations d’une teneur merveilleuse il voulait découvrir la cause naturelle là où elle n’est pas clairement exposée dans le récit lui-même ; observation qui, ainsi que le déclare Eichhorn, réduit à rien beaucoup de prétendues explications psychologiques des Évangiles.

C’est la même distinction entre l’explication naturelle et l’explication mythique que Krug, occupé surtout des miracles[2], a voulu désigner quand il a dit que les miracles pouvaient s’expliquer ou d’une manière physique et matérielle, ou par la manière même dont les récits de ces miracles se sont engendrés et formés. Dans la première manière, dit Krug, on se demande : comment cet événement merveilleux qui est ici raconté, a-t-il été possible, en toutes ses circonstances, par les forces et d’après les lois de la nature ? Dans la seconde manière, au contraire, on se demande : comment le récit de cet événement merveilleux peut-il s’être formé peu à peu ? La première explique la possibilité naturelle de la chose racontée : c’est la matière du récit ; la seconde recherche l’origine de la relation : c’est la formation du récit. Krug regarde comme stériles les tentatives de la première manière, parce que les explications qu’elle propose sont encore plus merveilleuses que le fait à expliquer. L’autre voie récompense mieux la critique, car elle mène à des résultats qui jettent du jour sur tous les récits de miracles. Par là, en effet, l’interprète n’a besoin de faire aucune violence à son texte ; mais il peut tout expliquer littéralement et de la manière que l’ancien narra-

  1. Antiquit., 19, 8, 2.
  2. Essai sur l’explication de la manière dont les miracles se sont formés, dans Henke’s Museum, 1, 3, S.395 ff., 1803.