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Bertram. Les cuivres plaqués qui soutiennent sa mélopée, dite infernale, me paraissent plutôt inventés pour servir de contraste ou de repoussoir, que créés pour accentuer une idée philosophique et dramatique.

La statue du Commandeur descendant de son piédestal pour empoigner son lâche insulteur, au milieu d’un luxueux festin, est bien plus heureusement campée, à l’aide des trombones que Mozart a réservés intentionnellement jusqu’à cette scène.

L’effet en est foudroyant.

Rossini a encore été dans le vrai, en adaptant, par moments, à la voix grandiose de Moïse, un accompagnement de cuivres, parce que le législateur des Hébreux est un personnage autoritaire, qui ne saurait revêtir au théâtre son prestige et son importance, qu’à l’aide de la phalange bruyante des trompettes, des trombones et des ophicléides.

Ces instruments solennels dominent monarchiquement aussi dans Lohengrin, pour traduire la volonté suprême du souverain, qui vient sous le vieux chêne tenir cour plénière.

Quelle majesté ils prêtent au récit introductif ! Que de force persuasive ils ajoutent à la prière avant le combat, prière qui semble incrustée dans le fer et dans le bronze ! Et quel