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nous pénètrent comme des senteurs venues de la demeure des Justes[1] ».

Avec les sons cristallins et diamantés de la harpe, ces nuances discrètes et fines, ces images magiques de la coloration pittoresque devenaient absolument impossibles.

On entend et l’on voit. Jean-Jacques appelle cela avec infiniment de sens : « Mettre l’œil dans l’oreille. »

Cette page monumentale de Wagner domine tout le drame, à partir du fragment aérien qui s’en détache, quand Elsa dit sa vision, et de l’apparition du cygne traînant la barque miraculeuse, jusqu’au moment où le messager de Dieu quitte les rives de l’Escaut pour regagner sa céleste demeure.

Dans le récit révélateur, émouvante synthèse d’une action éminemment captivante, le scintillement lumineux ne s’épanche plus exclusivement en vibrations suraiguës des cordes.

La trompette y prend part : Lohengrin a combattu. Le hautbois s’y marie : le chevalier a aimé… Nouveaux effets d’une palette sonore, d’une richesse indescriptible.


  1. Lohengrin et Tannhäuser. — Leipzig, 1851, p. 48 et 50.