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mières paroles de l’accusée. Non, elle n’est point coupable ; pitié pour elle, semble-t-il dire !

La flûte s’y joint, dans le récit du rêve prophétique : le cygne et la colombe sont annoncés.

Le cygne arrive, au son des mêmes accords consonnants qui ont bercé le songe d’Elsa et qui présideront à la victoire de son sauveur.

Tour à tour, ou simultanément, les deux instruments blancs participent à la scène du serment, à la scène du balcon, où Elsa confie aux étoiles les émotions qui débordent de son cœur[1], à la marche religieuse, au chœur nuptial, au doux entretien, où les époux savourent avec ivresse leur bonheur d’un instant, enfin, au déchirant moment où l’idéal d’Elsa s’envole pour toujours.

Les dernières notes du drame sont formulées

  1. « Lorsqu’Andromaque récite, — dit Grétry, à propos de la tragédie lyrique de ce nom, — elle est presque toujours accompagnée de trois flûtes traversières qui forment harmonie. » Grétry se trompe en disant que ce fut la première fois qu’on eut l’idée d’adopter les mêmes instruments pour accompagner le récitatif d’un rôle que l’on veut distinguer. L’embryon du procédé remonte aux créateurs du drame lyrique, c’est-à-dire au commencement du dix-septième siècle. Tout y était arbitraire, bien entendu. La voix de Caron, dans l’Orfeo de Monteverde, est accompagnée par deux guitares ! Jugez.