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matière, et qui ne doive être au moins un commencement d’expression, comme une lettre ou une syllabe l’est dans la parole. »

À la bonne heure !

Si des sons existent dans la nature pour toutes les idées, pour tous les sentiments, qu’en fera l’instrumentiste, sinon s’en servir de la manière la plus large, la plus illimitée, pour en arriver à sonder à fond le labyrinthe immense de la vie réelle ou idéale ?

Il ne saurait donc s’en tenir exclusivement à peindre :

« Les oiseaux qui chantent, comme pour nous piquer d’émulation ;

» Les échos qui leur répondent avec tant de justesse ;

» Les ruisseaux qui murmurent ;

» Les rivières qui grondent ;

» Les flots de la mer qui montent et qui descendent en cadence comme pour mêler leurs sons divers aux résonnemens des rivages ;

» Les zéphirs qui soupirent parmi les roseaux ;

» Les aquilons qui sifflent dans les forêts ;

» Les vents conjurés, ou plutôt concertés ensemble par la contrariété même de leurs mouvemens, qui, après s’être choqués dans les airs, se réfléchissent contre les corps terrestres : monts, vagues, rochers, bois, vallons, collines,