« Il avait visité de nombreuses cités et observé les mœurs de beaucoup d'hommes[1]; »
et cet autre passage :
« Il possédait toutes les ressources de la ruse et celles de la prudence[2]. »
C'est lui qu'il nomme toujours le « destructeur des villes », lui encore qui réussit à prendre Ilion
« Par la force de ses conseils, de sa parole et de sa trompeuse adresse.... »
« Qu'il consente à me suivre , » s'écrie aussi Diomède, en parlant de lui, « et nous reviendrons tous deux, fût-ce du milieu des flammes[3]. »
Ce qui n'empêche point qu'Ulysse ne se vante ailleurs de ses connaissances agricoles et de sa dextérité comme faucheur,
« Qu'on me donne dans ce champ une faux à la lame recourbée et à toi la pareille[4], »
comme laboureur aussi,
« Et tu verras si je sais creuser un long et droit sillon[5]. »
Et notez qu'Homère n'est point seul à penser de la sorte; tous les esprits éclairés, invoquant son témoignage, ont reconnu la justesse de cette thèse, que rien ne contribue autant à donner la sagesse qu'une semblable expérience des choses pratiques de la vie.
5. Quant à la rhétorique, qu'est-elle en somme ? La sagesse appliquée à la parole. Eh bien! Tout le long du poème également ce genre de sagesse brille chez Ulysse, témoin la scène de l'Épreuve[6], et celle des Prières[7] et celle de l'Ambassade[8], où le poète fait dire à Anténor en parlant de lui :
« Mais quand on entendait cette voix puissante sortir de sa
- ↑ Hom., Odyssée, I. 3.
- ↑ Id., Iliade, III. 202.
- ↑ Id , Iliade, X, 246.
- ↑ Id , Odyssée, XVIII, 368.
- ↑ Id., 375.
- ↑ Il s'agit du IIe livre de l'Iliade
- ↑ Ce titre s'appliquait quelquefois dans l'antiquité au IXe livre de l'Iliade.
- ↑ Casaubon a reconnu sous ce titre la députation de Ménélas et d'Ulysse, à Troie, pour réclamer Hélène, rappelée incidemment dans le IIIe livre de l'Iliade, 205 et suiv.