Page:Strabon - Géographie, trad., Tardieu, tome I, livres I à VI, 1867.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée

ce qui implique des différences énormes. De même il ne saurait être indifférent d'habiter chez les Indiens ou parmi les Ibères, peuples que nous savons être, à l'extrême orient et à l'extrême occident, en quelque sorte les antipodes l'un de l’autre.

14. Comme tous ces faits maintenant tirent leur principe du mouvement du soleil et des autres astres, et aussi de la tendance centripète des corps, nous voilà forcés d'élever nos regards vers le ciel, pour observer les apparences qu'en chaque contrée il nous découvre, apparences qui varient extrêmement, reproduisant ainsi la diversité même des lieux d'observation. Comment donc prétendre représenter avec exactitude et expliquer convenablement ces différences respectives dans la nature et l'aspect des lieux, si l'on n'a pas le moins du monde égard à cet ordre de phénomènes ? Il ne nous est pas possible, à vrai dire, vu le caractère spécial de notre ouvrage, qui doit être avant tout politique, de les approfondir tous; au moins convient-il que nous en exposions ici ce qui peut être à la portée de l'homme mêlé à la vie politique.

15. Mais celui qui a pu déjà élever si haut sa pensée ne reculera pas devant une description complète de la terre : il serait plaisant, en effet, qu'après avoir, dans son désir de mieux décrire la partie habitée de la terre, osé toucher aux choses célestes et s'en être servi dans ses démonstrations, il dédaignât de rechercher quelles peuvent être l'étendue et la constitution de la sphère terrestre elle-même, dont la terre habitée n'est qu'une partie, quelle place elle occupe dans l'univers, si elle n'est habitée que dans une seule de ses parties, celle que nous occupons, ou si elle l'est dans d'autres encore, et, dans ce cas, combien l'on en compte, quelles peuvent être aussi l'étendue et la nature de sa portion inhabitée et finalement la raison d'un pareil abandon. Il s'ensuit donc qu'il existe une certaine corrélation entre les études astronomiques et géométriques d'une part et la géographie, telle que nous l'avons définie, de l'autre, puisque cette science relie ensemble les phénomènes terrestres et