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aux Colonnes d'Hercule, 8000 stades au minimum, en tout 70 800 stades. Mais à ce qui précède il croit qu'on doit ajouter encore toute cette courbe que décrit la côte d'Europe, passé les Colonnes d'Hercule, juste en face de l'Ibérie et dans la direction du couchant (laquelle courbe ne mesure pas moins de 3000 stades) et qui plus est les différents caps ou promontoires qui prolongent cette côte, et parmi lesquels on distingue le Cabaeum dans le pays des Ostimii, avec les îles circonvoisines, avec Uxisamé, notamment, qui se trouve la plus reculée de tout le groupe, sa distance de la côte étant, au dire de Pythéas, de trois journées de navigation : effectivement, il a compris dans son calcul les dernières terres sus-nommées, à savoir les différents caps de cette côte, tout le territoire des Ostimii, et l'île d'Uxisamé avec les autres îles du même groupe, bien qu'elles ne pussent en aucune manière contribuer à la longueur cherchée, puisque, situées comme elles sont bien plus au nord, elles dépendent de la Celtique et non de l'Ibérie, si même elles existent et ne sont pas plutôt à considérer comme de pures inventions de Pythéas. Ce n'est pas tout, aux différentes longueurs partielles qu'il indique il a dû ajouter encore 2000 stades du côté de l'ouest, et autant du côté de l'est, pour conserver la proportion admise et empêcher que la largeur ne surpassât la moitié de la longueur.

6. Ératosthène entre ensuite dans de nouveaux développements pour nous convaincre que les lois générales de la physique veulent qu'on fasse toujours plus grand l'intervalle entre le levant et le couchant, et il en conclut que lesdites lois de la physique s'accordent avec ses précédents calculs pour prouver que la plus grande dimension de notre terre habitée, autrement dit sa longueur, doit être prise du levant au couchant. [Tel est le cas d'ailleurs, ajoute-t-il, de notre zone elle-même, c'est aussi dans ce sens qu'elle est le plus étendue], et, ses deux extrémités se rejoignant, elle forme ce que les mathématiciens appellent le cercle, si bien qu'on pourrait aller sur mer depuis lIbérie jusqu'à l'Inde eu suivant toujours le même parallèle, n'était l'immensité de l'Atlantique,