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considérable de maisons renversées; que Phalares même fut en quelque sorte rasée tout entière jusqu'au niveau du sol; qu'un même désastre eut lieu à Lamia et à Larisse ; que Scarphée se vit arrachée de ses fondements et n'eut pas moins de dix-sept cents de ses habitants noyés; qu'à Thronium il périt aussi moitié et plus de ce nombre : les flots, débordés, s'étaient partagés en trois torrents, dont l'un s'était porté sur Scarphée et sur Thronium, l'autre vers les Thermopyles, et le troisième à travers la plaine jusqu'à Daphnés en Phocide ; puis les sources des fleuves avaient tari pendant quelques jours, le Sperchius avait changé de cours transformant les routes en canaux navigables; le Boagrius avait quitté son ancien lit et envahi une autre vallée ; Alopé, Cynûs, Opûs avaient eu plusieurs de leurs quartiers gravement endommagés; la citadelle d'Oeum, qui domine cette dernière ville, s'était écroulée, ainsi qu'une partie de l'enceinte d'Elatée; de plus, à Alpône, en pleine célébration des Thesmophories, vingt-cinq jeunes filles, qui étaient montées au haut d'une des tours du port pour mieux jouir du coup d'oeil, avaient été entraînées dans la ruine de l'édifice et précipitées à la mer. Enfin, l'on rapporte que l'île d'Atalante, près de l'Eubée, s'ouvrit juste par le milieu et livra passage aux vaisseaux, qu'en certains endroits l'inondation y couvrit la plaine jusqu'à une distance de vingt stades, et qu'une trirème y fut enlevée du chantier où elle était et lancée par-dessus le rempart.

21. Ce n'est pas tout : aux changements qui précèdent, certains auteurs ont ajouté ceux qu'ont produits les migrations des peuples, dans l'intention apparemment de développer en nous encore davantage cette athaumastie ou insensibilité parfaite, que Démocrite et en général tous les philosophes préconisent comme l'accompagnement ordinaire d'une âme intrépide, imperturbable et sereine. Parmi ces migrations, ils citent tout d'abord celles des Ibériens de l'Occident vers les régions situées au-dessus du Pont et de la Colchide, où leurs possessions se trouvent séparées de l'Arménie par l'Araxe, au dire d'Apollodore, mais plutôt par