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l'élévation du point de départ. Sans quoi il n'a pas attribué le courant du détroit de Byzance à la disposition du fond, qui se trouve plus élevé, suivant lui, dans l'Euxin que dans la Propontide et dans la mer qui lui fait suite, et cela, soi-disant, parce que le limon, que charrient les fleuves, comble peu à peu le lit de l'Euxin, et qu'à mesure qu'il convertit cette mer en bas-fond il précipite ses eaux plus violemment vers les mers extérieures. Sans compter que, comme il applique ou transporte le même raisonnement à notre mer, prise dans son ensemble, et comparée à cette autre mer qu'on nomme extérieure [par rapport à elle], et qu'il conclut l'exhaussement du fond de la Méditerranée au-dessus du fond de la mer Atlantique de cette circonstance que la Méditerranée reçoit un grand nombre de tributaires et une quantité proportionnelle de limon, il faudrait, ce semble, qu'on eût observé qu'aux Colonnes d'Hercule et près de Calpé le courant est absolument le même qu'auprès de Byzance. Mais je ne veux pas insister sur cet argument, car on ne manquerait pas de me dire que le même courant effectivement se produit aux colonnes d'Hercule, seulement qu'il s'y perd dans le mouvement en sens contraire du flux et du reflux et échappe ainsi à l’observation.

6. En revanche, je demanderai si rien n'empêchait, avant l'ouverture du détroit de Byzance, que le fond de l'Euxin, alors plus bas apparemment que celui de la Propontide et de la mer qui y fait suite, ne s'exhaussât par le fait des atterrissements des fleuves, soit que l'Euxin formât déjà une mer proprement dite ou simplement un lac plus grand que le Mæotis. Que si l'on m'accorde ce premier point, je poserai une autre question : je demanderai s'il n'est pas probable qu'entre les deux surfaces adjacentes du Pont-Euxin et de la Propontide les choses se sont passées de la façon suivante, que , tant que le niveau a été le même, l'équilibre parfait des eaux et l'égalité de pression ont rendu impossible toute irruption violente d'un bassin dans l’autre; mais qu'une fois le niveau exhaussé dans le bassin intérieur la barrière a été forcée et le trop-plein des eaux du dit