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esprit » et « vit en nous »[1]. Il demeure au Ciel et demeure en nous. Nous autres, pauvres choses, ne sommes que sa « demeure » et quand Feuerbach détruit encore son habitation céleste et le contraint de passer en nous avec armes et bagages, nous nous trouvons, étant devenus son logis terrestre, absolument débordés.

Cependant après cette digression que, si nous suivions le fil du discours, nous aurions dû remettre aux pages ultérieures pour éviter des répétitions, revenons à la première création de l’Esprit, à l’Esprit lui-même.

L’Esprit est quelque chose d’autre que moi. Cette autre chose, quelle est-elle ?


§2. — Les Possédés.


As-tu jamais vu un esprit ? « Pas moi, mais ma grand-mère ». Vois-tu, c’est comme moi ; moi-même je n’en ai jamais vu, mais ma grand’mère en rencontrait à tout bout de champ. Comme nous ne mettons pas en doute la bonne foi de nos grand’mères, nous croyons à l’existence des esprits.

Mais n’avions-nous pas des grand’pères et ne haussaient-ils pas les épaules chaque fois que les grand’mères entamaient l’histoire des fantômes ? Oui, c’étaient des gens incrédules et ils ont fait bien du tort à notre bonne religion, ces explicateurs. Nous le verrons bien ! Car, qu’est-ce qui fait le fond de la croyance aux fantômes sinon la foi à l’existence de « purs esprits » et cette dernière croyance n’est-elle pas en danger quand des hommes positifs qui ne respectent rien osent tou-

  1. Ex. aux Romains 8,9 ; 1 aux Corinthiens 3,16 ; Ev. sel. saint Jean, 20,22 et en quantité d’autres endroits.