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puis la lui enlever ! Non pas, elle est la propriété de l’État, la fabricant l’a seulement comme fief, comme possession.

Comme cela ne marche pas avec le fabricant, je vais concourir avec ce professeur de droit. L’homme est un niais et moi qui en sais cent fois plus long que lui, je vais lui faire salle vide. « As-tu étudié, ami, et es-tu promu ? » Non, mais qu’est-ce que cela fait ? Je sais surabondamment les matières enseignées dans cette branche. « Je regrette beaucoup. Mais ici la concurrence n’est pas « libre ». Contre ta personne il n’y a rien à dire, mais la chose te manque, le diplôme de docteur. Et ce diplôme, moi, l’État, je l’exige. Demande-le moi bien gentiment, alors nous verrons ce qu’il y a « à faire ».

Telle est la « liberté » de la concurrence. L’État mon souverain se borne à m’y habiliter.

Mais les personnes concourent-elles réellement ? Non, je le répète, il n’y a que les choses ! En première ligne, l’argent, etc.

Dans cette lutte, il y en aura toujours un qui restera en arrière de l’autre (par exemple un poétaillon derrière un poète). Mais il y a une différence suivant que les moyens qui font défaut au concurrent malheureux sont personnels ou matériels et aussi suivant que les moyens matériels peuvent être gagnés par la force personnelle ou seulement par la faveur, comme présents même, quand, par exemple, le plus pauvre doit laisser au riche sa richesse, c’est-à-dire lui en faire cadeau. Mais si je dois attendre d’être agréé par l’État pour obtenir ou pour employer ces moyens (exemple, les promotions), c’est alors de la faveur de l’État que je les tiens[1].

  1. Dans les collèges, universités, etc…, les pauvres concourent avec les riches, mais c’est la plupart du temps grâce à des bourses dont la fondation, chose remarquable, remonte à une époque où la libre concurrence était encore bien loin d’être un principe dominant. Le principe de la concurrence ne fonde aucune subvention, mais il dit : aide-toi toi-même, c’est-à-dire procure-toi les moyens. Ce que l’État sacrifie dans un tel but il le place à intérêt pour se créer des serviteurs.