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tive, ne me laisse échoir que ce que le sens de l’équité, son souci charitable de tous lui prescrit ; pour moi, l’individu, la fortune commune n’est pas un moindre obstacle que celle d’autrui, ni l’une ni l’autre n’est mienne : que la fortune appartienne à la totalité, qui m’en abandonne une part ou à des possesseurs isolés, la contrainte est pour moi la même, ne pouvant disposer librement ni de l’une ni de l’autre. De son côté, le communisme, par l’abolition de toute propriété individuelle, me rejette encore plus sous la dépendance d’autrui — la généralité ou la totalité — et malgré qu’il attaque violemment l’État, son intention est d’établir aussi son État, un status, un état de choses qui paralyse mon activité libre, une autorité souveraine sur moi. Contre l’oppression que je subis de la part des propriétaires individuels, le communisme se soulève de plein droit, mais plus terrible encore est la puissance qu’il met aux mains de la totalité.

L’égoïsme prend une autre voie pour faire disparaître la plèbe des non-possédants. Il ne dit pas : Compte sur ce que les autorités équitables voudront bien t’accorder au nom de la totalité (car de tout temps, les États ont accordé de telles récompenses aux hommes en retour de leurs mérites, c’est-à-dire en proportion des services rendus), mais empare-toi de ce dont tu as besoin ! Ainsi la guerre de tous contre tous est déclarée. Je détermine moi seul ce que Je veux avoir.

« Mais ce n’est pas une vérité nouvelle, car de tout temps les égoïstes ont pensé ainsi ! » Il n’est pas nécessaire que la chose soit neuve, pourvu seulement que la conscience en existe. D’ailleurs ces procédés ne peuvent revendiquer la haute antiquité, si l’on ne compte les lois égyptienne et spartiate ; ils sont encore d’un