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cette idée est sorti finalement le commandement : « en tout homme respecte l’homme ». Mais si je respecte l’homme, mon respect doit s’étendre également à l’humain ou à ce qui vient de l’homme.

Tout homme a un bien propre et je dois reconnaître et considérer comme sacré ce bien propre. Il consiste partie en avoir extérieur, partie en avoir intérieur. D’un côté, des choses, de l’autre, spiritualité, pensées, convictions, nobles sentiments, etc… Mais toujours je ne dois respecter que l’avoir légitime ou humain ; et je n’ai pas besoin d’épargner l’illégitime et l’inhumain, car il n’y a que ce qui est véritablement le propre des hommes qui soit véritablement propriété de l’homme. La religion, par exemple, est un bien intérieur de ce genre ; comme la religion est libre, c’est-à-dire appartient à l’homme, je ne puis pas y toucher. De même pour l’honneur ; il est libre et je ne puis y porter atteinte (plaintes en diffamation, caricatures, etc.) La religion et l’honneur sont « propriété spirituelle ». Dans la propriété des choses, ma personne est au premier plan : ma personne est ma première propriété. Par suite, liberté de la personne ; mais c’est seulement la personne légitime ou humaine qui est libre, on tient l’autre prisonnière. Ta vie est ta propriété, mais elle n’est sacrée aux hommes que si ce n’est pas celle d’un non-homme.

Ce que l’homme en tant qu’homme ne peut défendre de ses biens corporels, nous pouvons le lui prendre : tel est le sens de la concurrence, de la liberté de l’industrie. Ce qu’il ne peut défendre de ses biens spirituels nous échoit également : voilà jusqu’où va la liberté de la discussion, de la science, de la critique.

Mais intangibles sont les biens consacrés. Consa-