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sée. On peut très bien abolir la personnalité de cet humain qui nous est soustrait, on peut faire de Dieu le divin, on n’en reste pas moins religieux, car la caractéristique de ce qui est religieux consiste dans le mécontentement que l’on a de l’homme actuel, c’est-à-dire dans l’affirmation d’une perfection vers laquelle il faut s’efforcer ; l’homme religieux, c’est l’homme qui lutte en vue de son achèvement (c’est pourquoi vous devez être parfaits, comme votre Dieu au ciel est parfait. Matthieu V. 48) : être religieux, c’est fixer un idéal, un bonorum ; l’idéal d’un chacun, c’est l’homme parfait, l’homme vrai, l’homme libre, etc.

La tendance des temps nouveaux vise à instituer l’idéal de « l’homme libre ». Si on le pouvait trouver, il y aurait une nouvelle religion, parce qu’un nouvel idéal entraînerait de nouvelles aspirations, de nouvelles mortifications, une nouvelle dévotion, une nouvelle divinité, une nouvelle contrition.

Avec l’idéal de « la liberté absolue », même désordres qu’avec tout « absolu ». Suivant Hess, par exemple, « cette liberté doit être réalisable dans la société humaine absolue. » Aussitôt après, il appelle « mission » la réalisation de cet idéal ; de même il définit la liberté comme étant la « morale » ; le règne de la « justice » (c’est-à-dire l’égalité) et de la morale (c’est-à-dire la liberté) doit arriver, etc.

Celui que le mérite de ses compagnons de race, de famille, de nation, remplit d’orgueil alors qu’il n’est rien lui-même, est ridicule, mais celui qui ne veut être qu’« homme » est aveugle. Ce n’est pas dans l’exclusivisme, mais dans l’union, qu’il met sa propre valeur, dans le « lien » qui le rattache aux autres, dans les