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De l’idée fixe naît le crime. La sainteté du mariage est une idée fixe. De cette sainteté il suit que l’infidélité est un crime, et là-dessus une certaine loi du mariage établit contre l’adultère des pénalités plus ou moins sévères. Mais ce châtiment doit être considéré par ceux qui proclament sacrée la liberté comme un crime contre la liberté, et c’est uniquement pour cela que l’opinion publique a flétri la loi du mariage.

Certes, la société accepte que chacun obtienne son droit, mais ce droit doit être social, sanctionné par la société et ce n’est pas réellement son droit, Mais moi, j’use de la plénitude de ma force et je prends, je m’octroie le droit et en face de toutes les forces supérieures, je suis le plus incorrigible des criminels. Propriétaire et créateur de mon droit, je ne reconnais pas d’autre source du droit que moi-même ; ni Dieu, ni l’État, ni la nature, ni l’homme même avec ses « éternels droits de l’homme », ni le droit divin, ni le droit humain.

« Droit en soi et pour soi. » Ainsi sans rapport avec moi-même ! « Droit absolu. » Ainsi donc séparé de moi-même ! Un être qui n’existe qu’en soi et pour soi ! un absolu ! un droit éternel comme une vérité éternelle !

Suivant la conception libérale, le droit doit être pour moi obligatoire, parce qu’il est institué ainsi par la raison humaine, contre laquelle ma raison est déraison. Autrefois on tonnait contre la faible raison humaine, au nom de la raison divine, maintenait c’est au nom de la forte raison humaine que l’on rejette la raison égoïste, comme déraison. Et cependant, il n’y a pas d’autre raison réelle que précisément cette « déraison ». Ce n’est ni la raison humaine, ni la raison divine, mais seulement ta raison, ma raison particulières qui existent réellement, quoi que toi et moi puissions être.