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ses éléments malades et ne s’est pas par suite mêlé à eux. Il n’a pas besoin d’être si économe de la sève. Il peut couper sans hésitation les branches folles afin que les autres portent des fleurs. Il n’y a pas à trembler de la dureté de l’État, c’est sa morale, sa politique, sa religion qui lui indiquent la voie à suivre ; il n’y a pas à l’excuser de manquer de sentiment, sa pitié se révolte, mais son expérience lui fait trouver l’unique salut dans la sévérité. Il y a des maladies contre lesquelles les moyens drastiques sont seuls efficaces. Le médecin qui diagnostique une telle maladie, mais qui, timoré, recourt aux palliatifs ne guérira jamais le mal, le patient mourra après avoir langui plus ou moins longtemps ». La question de Madame la conseillère : « Si vous employez la mort comme moyen drastique, comment y remédier » n’est pas sérieuse. Ce n’est pas à soi-même que l’État applique la mort, mais à un membre qui le contrarie, il arrache l’œil qui l’irrite, etc.

« Pour l’État malade, la seule voie de salut est de laisser prospérer l’homme en lui[1] ». Si comme Bettina on entend par homme le concept « Homme », on a raison : l’État malade guérira par l’épanouissement de « l’Homme », car plus les individus sont fous de « l’Homme » mieux s’en trouve « l’État ». Mais si l’on entendait par l’homme, l’individu (et c’est ce que fait quelque peu notre auteur qui ne s’explique pas clairement sur ce point), cela signifierait à peu près : si une bande de voleurs est malade, son seul moyen de salut est d’accueillir et de faire prospérer dans son sein un bon citoyen. De la sorte, la bande de voleurs, en tant que bande de voleurs, irait à sa ruine, mais comme

  1. P. 385.