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muable. Et ainsi en va-t-il du saint qui de degré en degré s’élève du « saint » au « très saint ».




On divise parfois les hommes en deux classes, les gens cultivés et ceux qui ne le sont pas. Les premiers, tant qu’ils furent dignes de leur nom, s’occupèrent de pensées, de choses de l’esprit. La pensée étant le principe du christianisme, avec l’ère chrétienne ils devinrent les maîtres, et ils exigèrent, pour les pensées par eux reconnues, soumission et respect. L’État, l’Empereur, Dieu, la morale, l’ordre, etc. sont des pensées de ce genre ou des esprits qui n’existent que pour l’esprit. Un être qui se contente de vivre, un animal, ne s’en inquiète pas plus qu’un enfant. L’homme inculte, en réalité, n’est pas autre chose qu’un enfant, et celui qui ne connaît que ses besoins naturels a pour ces esprits une parfaite indifférence ; mais aussi parce qu’il est faible contre eux il succombe sous leur puissance et est dominé par la pensée. Tel est le sens de la hiérarchie.

La hiérarchie c’est la domination de la pensée, la suprématie de l’esprit.

Jusqu’à présent nous sommes hiérarchiquement opprimés par ceux qui s’appuient sur des pensées. La pensée est la chose sainte.

Mais toujours l’homme cultivé s’est heurté à l’homme inculte et inversement et cela non seulement dans le concours de deux hommes différents, mais dans un seul et même homme. Car aucun homme cultivé ne l’est tant qu’il ne trouve encore quelque plaisir aux choses et par conséquent qu’il ne soit inculte en quelque façon ;