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sous une forme corporelle, on pouvait lui imaginer une certaine figure, tandis que l’Homme, au contraire, reste purement spirituel, et on ne peut lui prêter aucun corps matériel particulier. Il est vrai qu’il ne manque pas d’une certaine corporalité, d’autant plus séduisante qu’elle paraît plus naturelle et plus terrestre, et c’est tout bonnement chaque homme corporel ou, plus simplement encore, la « race humaine » ou « tous les hommes ». L’Esprit réintègre ainsi sa forme de fantôme et redevient compact et populaire à souhait.

Saint donc est l’être suprême, saint est tout ce en quoi il se révèle ou se révélera, et sanctifiés sont ceux qui reconnaissent cet être suprême dans leur propre être, c’est-à-dire dans les manifestations de cet être. Ce qui est saint sanctifie en retour son adorateur ; le culte qu’il lui rend le sanctifie et sanctifie ce qu’il fait : un saint commerce, de saintes pensées et de saintes actions, etc.

L’objet qui doit être honoré comme l’être suprême ne peut, on le conçoit, être discuté avec fruit que pour autant que les contradicteurs les plus acharnés sont d’accord sur le point essentiel et qu’ils admettent l’existence d’un être suprême auquel s’adressent notre culte et nos sacrifices. Si quelqu’un souriait dédaigneusement devant toute controverse au sujet de l’être suprême comme un Chrétien peut sourire devant les discussions d’un Chiite et d’un Sunnite ou d’un Brahmine et d’un Bouddhiste, ce serait qu’à ses yeux l’hypothèse d’un être suprême est nulle et que toute contestation à ce propos est un jeu puéril. Que votre être suprême soit le Dieu unique en trois personnes, le Dieu de Luther, l’ « Être suprême * » du Déiste, ou qu’il ne soit nullement Dieu mais l’ « Homme », c’est tout un pour qui nie l’être suprême lui-même : Vous tous qui servez un Être