Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée

Avec le monde de l’Esprit commence le Christianisme. L’homme qui se tient encore en armes vis-à-vis du monde est l’Ancien, le — Païen (le Juif l’est resté parce que non chrétien) ; l’homme que ne guident plus que la « joie du cœur », la compassion, la sympathie, l’Esprit, est le Moderne, le — Chrétien.

Les Anciens travaillèrent à soumettre le monde et s’efforcèrent de dégager l’homme des lourdes chaînes de sa dépendance vis-à-vis de ce qui n’était pas lui ; ils aboutirent ainsi à la dissolution de l’État et à la prépondérance du « privé ». Chose publique, Famille, etc., sont des liens naturels, et comme tels d’importunes entraves qui rabaissent ma liberté spirituelle.


II. — Les modernes


« Si quelqu’un est en Jésus-Christ, il est devenu une nouvelle créature ; ce qui était devenu vieux est passé, voyez, tout est devenu nouveau . »

Nous avons dit plus haut que « pour les Anciens le monde était une vérité ; nous pouvons dire maintenant : Pour les Modernes, l’Esprit était une « vérité », mais à condition d’ajouter, comme précédemment, « une vérité derrière la fausseté de laquelle ils cherchèrent et finalement parvinrent à pénétrer ».

Le Christianisme suit la route qu’avait prise l’Antiquité ; courbée durant tout le Moyen Âge sous la discipline de dogmes chrétiens, l’intelligence se fait sophiste pendant le siècle qui précède la Réforme et joue un jeu hérétique avec tous les fondements de la foi. Cela se produit surtout en Italie, et particulièrement à la cour de Rome ; mais quel mal y a-t-il à ce que l’esprit se divertisse, pourvu que le cœur reste chrétien ?