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ta richesse (pouvoir) *. Tu auras à te créer une autre richesse, à te pourvoir d’autres moyens d’action, qui seront ta force de travail. Sous l’homme en possession d’un avoir, sous le « possesseur », nous apercevons l’homme, aussi avons-nous provisoirement respecté ce possesseur que nous nommions « propriétaire ». Mais il faut bien te dire que tu ne détiens les choses qu’en attendant que tu sois « exproprié ».

Celui qui possède est riche, mais pour autant seulement que les autres ne le sont pas. Et comme ta marchandise ne forme ta richesse qu’aussi longtemps que tu es capable de la maintenir en ta possession, c’est-à-dire aussi longtemps que nous n’avons pas de pouvoir sur elle, il faudra bien que tu cherches à te procurer d’autres moyens d’action, car notre puissance l’emporte aujourd’hui sur ta prétendue richesse.

Parvenir à être considéré comme possesseur réalisait déjà un progrès énorme. Le servage disparaissait et l’homme, qui jusque-là avait dû la corvée à son seigneur et avait été plus ou moins la propriété de ce dernier, devenait, à son tour, un « seigneur », un « monsieur ». Mais il ne suffit plus, désormais, que tu possèdes : ton avoir est démonétisé ; par contre, ton travail augmente de prix. Tu ne vaux à nos yeux qu’en tant que tu mets en œuvre les choses, comme autrefois en tant que tu les avais. C’est ton travail qui est ta richesse. Tu n’es plus, désormais, maître et possesseur que de ce qui naît de ton travail, et non plus de ce que peut te donner un héritage.

En attendant, comme il n’existe pas de possession