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ma puissance, et rien d’autre. À quoi suis-je légitimement autorisé ? À tout ce dont je suis capable. Je me donne le droit de propriété sur un objet, par le seul fait que je m’en empare, ou, en d’autres termes, je deviens propriétaire de droit chaque fois que je me fais de force propriétaire ; en me donnant le pouvoir, je me donne le titre.

Tant que vous. ne pouvez m’arracher mon pouvoir sur une chose, cette chose demeure ma propriété. Eh bien, soit ! Que la force décide de la propriété, et j’attendrai tout de ma force ! La puissance étrangère, la puissance que je laisse à autrui a fait de moi un serf ; puisse ma propre puissance faire de moi un propriétaire ! Que je rentre donc en possession de la puissance que j’ai abandonnée aux autres, ignorant que j’étais de la valeur de me forces. À mes yeux, ma propriété s’étend jusqu’où s’étend mon bras ; je revendiquerai comme mien tout ce que je suis capable de conquérir, et je ne verrai à ma propriété d’autre limite réelle que ma — force, unique source de mon droit.

Ici, c’est à l’égoïsme, à l’intérêt personnel de décider, et non pas au principe d’amour, aux raisons de sentiment telles que charité, indulgence, bienveillance ou même équité et justice (car la justitia aussi est un phénomène d’amour, un produit de l’amour) : l’amour ne connaît que le « sacrifice » et exige le « dévouement ». Sacrifier quelque chose ? Se priver de quelque chose ? L’égoïste n’y songe pas ; il dit simplement : Ce dont j’ai besoin, il me le faut, et je l’aurai !

Toutes les tentatives faites pour soumettre la propriété à des lois rationnelles ont leur source dans l’amour et aboutissent à un orageux océan de réglementations et de contraintes. Le Socialisme et le Communisme ne font eux-mêmes pas exception à la règle. Chacun doit être pourvu de moyens d’existence suffisants, et peu importe que ces moyens on les trouve, selon