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et l’honneur sont une « propriété spirituelle ». Comme propriété matérielle, vient en premier lieu la personne : ma personne est ma propriété ; de là résulte la liberté de la personne ; mais, bien entendu, seule la personne humaine est libre, l’autre, la prison l’attend. Ta vie est ta propriété, mais elle n’est sacrée pour les hommes que si elle n’est pas la vie d’un non-homme.

Les biens matériels dont l’homme ne peut justifier la possession par son humanité, il n’y a aucun titre et nous pouvons les lui prendre ; d’où la concurrence sous toutes ses formes. Ceux des biens spirituels qu’il ne peut revendiquer comme homme sont également à notre disposition ; d’où la liberté de la discussion, la liberté de la science et de la critique.

Mais les biens consacrés sont inviolables. Qui les consacre et les garantit ? À première vue, c’est l’État, la Société ; mais, plus proprement, c’est l’Homme ou l’« idée » : l’idée d’une propriété sacrée implique l’idée que cette propriété est vraiment humaine ou plutôt que son possesseur ne la détient qu’en vertu de sa qualité d’Homme et non à titre de non-homme.

Dans le domaine spirituel, l’homme est légitime possesseur de sa foi, par exemple, et de son honneur, de sa conscience, de son sentiment du convenable et du honteux, etc. Les actes attentatoires à l’honneur (paroles, écrits) sont punissables, de même ceux qui portent atteinte au fondement de la religion, à la foi politique, bref toute lésion de ce à quoi l’Homme « a droit ».

Le Libéralisme critique ne s’est pas encore prononcé sur la question de savoir jusqu’à quel point il pourrait admettre que les biens sont sacrés ; il pense bien être l’adversaire de toute sainteté, mais comme il lutte contre l’égoïsme, il doit lui tracer des limites et il ne peut tolérer que le non-homme les franchisse au préjudice de l’homme. Sa répulsion théorique