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plus complètement à toutes les exigences de ce parti. L’indépendance du parti implique la dépendance de ses membres.

Un parti, quel qu’il soit, ne peut jamais se passer d’une profession de foi, car ses membres doivent croire à son principe et ne peuvent le mettre en doute ni le discuter, il doit être pour eux un axiome certain et indubitable. En d’autres termes : on doit appartenir corps et âme à son parti ; sinon, on n’est plus véritablement un homme de parti, on est plus ou moins un — égoïste. Que le moindre doute s’élève chez toi au sujet du Christianisme, et, tu ne seras plus un vrai Chrétien, toi qui auras eu l’impiété grande d’examiner le dogme et de traîner le Christianisme devant le tribunal de ton égoïsme. Tu te seras rendu coupable envers le Christianisme, cette affaire de parti (affaire de parti, parce qu’il n’est pas l’affaire, par exemple, des Juifs, qui sont d’un autre parti). Mais tant mieux pour toi si un péché ne t’épouvante pas : ton audacieuse impiété va t’aider à atteindre l’Individualité.

Ainsi donc, un égoïste ne pourra jamais embrasser un parti, il ne pourra jamais prendre parti ? Mais si, il le peut parfaitement, pourvu qu’il ne se laisse pas saisir et enchaîner par le parti ! Le parti n’est jamais pour lui qu’une partie : il est de la partie, il prend part.



Le meilleur État est évidemment celui qui renferme les citoyens les plus fidèles à la loi. À mesure que le noble sentiment de la légalité languit et s’éteint, l’État, qui est un système de moralité et la vie morale elle-même, voit baisser ses forces et décroître ses biens. Avec les bons citoyens disparaît le bon État ; il sombre dans l’anarchie.

« Respect à la Loi ! », tel est le ciment qui maintient debout tout l’édifice d’un État. « La loi est sacrée, celui qui la viole est un criminel. » Sans le crime, pas d’État. Le monde moral —