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rapports de l’homme avec l’État se réduisent à n’être plus qu’une pure affaire privée, ce qui équivaut à les nier et les détruire. » Et la Religion, telle que la conçoit le Politique, que devient-elle ? Une « affaire privée ».

Si, au lieu de leur parler du « devoir sacré », de la « destination de l’homme », de la « vocation d’être parfaitement humains » et d’autres commandements de même espèce, on représentait aux gens le tort qu’ils font à leur intérêt en laissant aller l’État comme il va, on leur tiendrait, aux tirades près, le même langage qu’on leur tient dans les moments critiques quand on veut atteindre son but. Mais au lieu de cela, notre théologophobe s’écrie : « S’il fut jamais un temps où l’État dut pouvoir compter sur tous les siens, c’est bien le nôtre. — L’homme qui pense reconnaît dans la coopération théorique et pratique à l’État un devoir, et un des devoirs les plus sacrés qui peuvent lui incomber. » Puis il examine de plus près la « nécessité catégorique qu’il y a pour chacun de s’intéresser à l’État ».

Celui-là est un politicien et le restera de toute éternité qui loge l’État dans sa tête ou dans son cœur ou dans les deux à la fois ; c’est un possédé de l’État, il a la Foi.

« L’État est la condition indispensable du développement intégral de l’humanité. » Certes, il le fut, aussi longtemps que nous nous proposâmes de développer l’humanité ; mais maintenant que nous voulons nous développer, il ne peut plus nous être qu’un embarras.

Peut-on encore se proposer, aujourd’hui, de réformer et d’améliorer l’État et le Peuple ? Pas plus que la Noblesse, le Clergé, l’Église, etc. ; on peut les suspendre, les détruire, les supprimer, mais non les réformer. Ce n’est pas en la réformant qu’on fait d’une absurdité une chose sensée ; mieux vaut la mettre immédiatement au rebut.

Il ne doit plus, à l’avenir, être question de l’État (