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Celle-ci, il est vrai, pourrait passer pour un nouveau trait commun, pour un trait de ressemblance ; mais la ressemblance consisterait ici précisément dans la dissemblance et ne serait elle-même que dissemblance ; une dissemblance semblable, mais aux yeux seulement de ceux qui s’amusent à faire des comparaisons.

La polémique contre le privilège est un des traits caractéristiques du Libéralisme ; il excommunie le « privilège » par dévotion pour le « Droit » ; mais il doit s’en tenir à cette excommunication platonique, car les privilèges, n’étant que des aspects particuliers du droit, ne tomberont pas avant le droit lui-même. Le Droit ne rentrera dans son néant que lorsqu’il aura été absorbé par la Force, c’est-à-dire quand on aura compris que « la force prime le droit ». Alors, tout droit se révélera privilège, et le privilège lui-même apparaîtra sous son vrai jour comme puissance — puissance prépondérante. Mais ce combat de la puissance contre la puissance plus grande ne se présentera-t-il pas sous un tout autre aspect que ce timide combat contre le privilège qui ne se livre que devant un juge, le « Droit », et selon l’esprit de ce juge ?



Il me reste, pour finir, à rayer de mon vocabulaire ce mot Droit dont je n’ai voulu faire usage qu’aussi longtemps que, fouillant les entrailles de la chose, je ne pouvais faire autrement que d’en laisser provisoirement subsister au moins le nom. Mais à présent le mot n’a plus de sens et peut aller rejoindre la notion. Ce que j’appelais « mon droit » n’est plus nullement un « droit » car un droit ne peut être conféré que par un Esprit, que cet Esprit soit celui de la nature, celui de l’espèce, de l’humanité, ou de Dieu, de Sa Sainteté, de Son Éminence, etc. Ce que je possède indépendamment de la sanction de l’Esprit, je le possède