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délassement, un relâche entre deux pensums, mais l’opposé, la négation du pensum : aut — aut. Bref, l’État doit aujourd’hui ou bien ne plus rien tolérer, ou bien tolérer tout et s’effondrer ; il doit choisir entre une extrême irritabilité et l’insensibilité de la mort. Le temps de la tolérance est passé. Si l’État tend un doigt, on prendra immédiatement toute la main. Ce n’est plus le moment de « rire », et toute plaisanterie, esprit, fantaisie, humour, etc., devient une chose amèrement grave.


Quand les « esprits libéraux » réclament la liberté de la presse, ils se mettent en contradiction avec leur propre principe et leur volonté formelle. Ils veulent ce qu’ils ne veulent pas : ils souhaitent que — ils aimeraient à — etc. De là leur inconsistance : sitôt la liberté de la presse accordée, ils demandent la censure. C’est tout naturel, l’État leur étant sacré, de même que la morale, etc. Leur façon d’agir envers lui est celle de gamins mal élevés, d’enfants gâtés qui cherchent à mettre à profit les faiblesses de leurs parents. Papa l’État doit leur permettre de dire un tas de choses désagréables, mais papa l’État a aussi le droit de leur imposer silence d’un coup d’œil sévère et de biffer d’un trait de censure tout leur impertinent babil. S’ils le reconnaissent comme leur papa, ils doivent, comme des enfants, soumettre à sa censure toutes leurs paroles.





Si tu permets à un autre de te donner raison, tu dois consentir de même à ce qu’il te donne tort. Si tu acceptes son approbation et ses récompenses, tu dois accepter également ses reproches et ses châtiments. Le non-droit marche à côté du droit, et le crime suit la légalité comme son ombre. Qu’es-tu ? Tu es un criminel ! Bettina * dit : « Le criminel est