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PRÉFACE DU TRADUCTEUR

XIII

// importerait donc de dégager la véritable signification de l’unique et de son égoïsme, et de nous demander ce qu’est à proprement parler, c’est-à-dire dans le domaine de l’action et de la vie et non plus de la théorie et du livre, l’individualisme de Stirner. Nous comprendrons ainsi ce qu’il peut devenir en nous, à quelle tendance il répond et quel rôle il peut remplir dans le mouvement ac tuel des esprits. Nous savons ce qu’il a détruit ; mais quel sol a-t-il mis à nu sous les ruines du monde moral ? Pouvons-nous espérer y voir lever encore une moisson, ou bien son « égoïsme » a-t-il creusé sous la vie sociale un gouffre impossible à combler à moins de nouveaux mensonges et de nouvelles illusions ? Que faut-il entendre, en un mot, par le « nihilisme » de Stirner ? Et d’abord, qu’est-ce que ï Unique ? La polémique qui suivit l’apparition de l’œuvre de Stirner est précieuse, en ce quelle achève defixer le sens exact qu’y attachait son auteur. L’Unique est-il une conception nouvelle du Moi, le principe nouveau d’une doctrine nouvelle {un complé ment, par exemple, de la philosophie de Fichte ’) ? C’est ainsi que le comprirent les critiques. Feuerbach, Seliga et Hess en i84], Kuno Fischer en i847, attaquèrent Stirner en seplaçant à ce point de vue, et parlèrent à l’envi d’un « moi principe », d’un « égoïsme absolu », d’une « dogmatique de V égoïsme », d’un « égoïsme en sys tème » , etc. , tous virent dans l’individu une idée, un prin cipe ou un idéal qui s’opposait à l’Homme. Stirner leur répond : Le moi que tu penses n’est ( i ) Stirner avait nettement répudié toute parenté entre son moi corporel et passager et le Moi absolu de Fichte, ce qui n’empêche pas Ed. von Hartmann de voir « dans son absolutisation du Moi la véritable conséquence pratique du monisme subjectif de Fichte. » C’est une des plus lourdes méprises dont noire penseur ait été vic time. Je ne cite que pour mémoire l’opinion du critique auquel Stirner et l’Unique rappellent Machiavel et le "Prince, et le critique français dont je ne retrouve pas le nom et dont tous ceux qui s’occupent de Stirner répètent la phrase sur « ce livre qu’on quitte monarque. » Voye% aussi, à titre de curiosité, un discours de H. von Bûlow où Stirner est comparé à Bismarck.