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élus », de se croire en possession de « privilèges » et, d’une façon générale, de croire à l’existence du privilège. Il leur répond en leur objectant les droits de l’Homme. Les droits de l’homme !

L’Homme, c’est l’Homme en général, et chacun est homme. Chacun donc doit posséder les droits éternels en question et doit en jouir, de l’avis des Communistes, dans la complète « démocratie » ou, comme il serait plus exact de l’appeler — anthropocratie. Mais Moi seul j’ai tout ce que je me — procure ; comme Homme, je n’ai rien ; on voudrait voir chaque homme jouir de tous les biens, simplement parce qu’il porte le titre d’Homme. Mais je mets l’accent sur « Je » et non sur le fait que je « suis homme ».

L’Homme n’est quelque chose que pour autant qu’il est mon attribut (ma propriété) ; il en est de l’humanité comme de la virilité et de la féminité. L’idéal des Anciens était la virilité ; la vertu était pour eux virtus et arete, le courage mâle. Que penser d’une femme qui ne voudrait être que parfaitement « femme » ? Être femme n’est pas donné à tout le monde, et je sais pas mal de gens qui se proposeraient là un idéal fort inaccessible.


Mais la femme, elle, est en tout cas féminine, elle l’est de nature, la « féminité » est un des éléments de son individualité, et elle n’a que faire du « vrai féminin ». Je suis homme juste comme la terre est étoile. Il n’est pas moins ridicule de m’imposer comme une mission d’être « véritablement homme » qu’il ne le serait de faire à la terre un devoir d’être « vraiment étoile ».

Lorsque Fichte dit : « Le Moi est tout », cela semble parfaitement en harmonie avec ma théorie. Seulement le Moi n’est pas tout, mais il détruit tout, et seul le Moi qui se décompose lui-même, le Moi qui n’est jamais, le Moi — final est réellement Moi. Fichte parle d’un Moi « absolu », tandis que je parle de Moi, du Je périssable.

On est bien près d’admettre que Homme et Moi