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PRÉFACE DU TRADUCTEUR

porte que vous fondie^ ma moralité et mon droit et que vous réglie^ mes relations avec le monde des choses et des hommes sur une volonté1 divine révélée ou sur l’essence de l’homme ; toujours vous me courbe^ sous le joug étranger d’une puissance supérieure, vous humilie^ ma volonté aux pieds d’une sainteté quelconque, vous me pro pose^ comme un devoir, une vocation, un idéal sacrés cet es prit, celte raison et cette vérité qui ne sont en réalitéque mes instruments. « L’au-delà extérieur est balayé, mais l’audelà intérieur reste et nous appelle à de nouveaux com bats. » La prétendue « immanence » n’est qu’une forme déguisée de l’ancienne « transcendance». Le libéralisme politique qui me soumet à l’Etat, le socialisme qui me subordonne à la Société, et l’humanisme de Br. Bauer, de Feuerbach et de Ruge qui me réduit à n’être plus qu’un rouage de l’humanité ne sont que les dernières incarna tions du vieux sentiment chrétien qui toujours soumet l’in dividu à une généralité abstraite ; ce sont les dernières for mes de la domination de l’esprit, de la Hiérarchie. « Les plus récentes révoltes contre Dieu ne sont que des insurrec tions théologiques. »

En face de ce rationalisme chrétien dont il a exposé la genèse et l’épanouissement dans la première partie de son livre, Stirner, dans la seconde, dresse l’individu, le moi corporel et unique de qui tout ce dont on avait fait l’apa nage de Dieu et de l’Homme redevient la propriété. Le Dieu, avait dit Feuerbach, n’est autre chose que l’Homme. — Mais l’Homme lui-même, répond Stirner, est un fantôme, qui n’a de réalité qu’en Moi et par Moi ; l’humain n’est qu’un des éléments constitutifs dé mon individualité et est le mien, de même que l’Esprit est mon esprit et que ma chair est ma chair. Je suis le centre du monde, et le monde (monde des choses, des hommes et des idées), n’est que ma propriété, dont mon égoïsme souverain use selon son bon plaisir et selon ses forces.

Ma propriété est ce qui est en mon pouvoir ; mon droit, s’il n’est pas une permission que m’accorde un être extè