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PRÉFACE DU TRADUCTEUR

place de professeur dans un établissement privé d’instruc tion pour jeunes filles. Mais nul n’a pénétré dans l’inti mité de sa vie et de sa pensée, et il n’est pas de ceux à qui l’on peut dire : pourquoi ?

De 1840 à 1844, « les meilleures années de sa vie », on le voit fréquenter assidûment, plutôt en spectateur qu’en acteur, les cercles radicaux où trône Br. Bauer ;il publie, en 1842 et 184), quelques articles de philosophie sociale sous le pseudonyme de Max Stirner, mais n’occupe qu’une place effacée dans les réunions turbulentes de lajeunesse de Berlin. En 1843, il se remarie et la vie semble un ins tant vouloir sourire au pauvre « professeur privé » . En 1844, parait chel l’éditeur Otto Wigand, de Leipzig « l’Unique et sa Propriété. » Stupeur de ceux qui, ,voyant sans cesse l’auteur au milieu d’eux, le croyaient des leurs, et scandale violent dans le public lettré dont il ren verse les idoles avec une verve d’iconoclaste. Le livre, ré pandu en cachette che^ les libraires, est interdit par la cen sure qui, quelques jours après, revient sur sa condamna tion, jugeant l’ouvrage « trop absurde pour pouvoir être dangereux » . Les anciens compagnons s’écartent, le livre est oublié et la solitude se fait.

Dès ce moment, commence la longue agonie du pen seur. L’année même de la publication de son œuvre, « cette œuvre laborieuse des plus belles années de sa jeu nesse », l’établissement où il professait lui ferme ses portes, et la gêne s’installe à son foyer ; l’éditeur Wigand qui resta un ami fidèle du proscrit moral, lui confie, pour l’aider, quelques traductions, et il publie en allemand, de 1846 à 1847, /«Dictionnaire d’économie politique de J.-B. Sayet /«Recherches sur la richesse des nations Je Smith. Mais les embarras d’argent vont croissant ; une tentative commerciale malheureuse achève defondre en peu de mois les quelques milliers de francs qui avaient formé la dot de sa femme, et celle-ci se sépare de lui en 1846. Dès , lors, c’est la misère de plus en plus profonde. Ceux qui l’avaient connu le perdent complètement de vue, Wigand lui-même ignora où il cache son orgueilleuse détresse ; les -

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