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politique que social trouvera sa place plus loin. Contentons-nous pour le moment de les appeler au tribunal du libéralisme humanitaire ou Libéralisme critique.


§ 3. — Le Libéralisme humanitaire


Le Libéralisme trouve son expression complète et définitive dans le Libéralisme « critique », qui se soumet lui-même à l’examen, le Critique toutefois restant un libéral et ne dépassant pas le principe du Libéralisme, l’Homme. C’est cette dernière incarnation du principe qui mérite excellemment de porter le nom de l’Homme et d’être appelée Libéralisme « humain » ou humanitaire ».

Le travailleur passe pour le plus matériel et le plus égoïste des hommes ; il ne fait rien pour l’humanité et n’agit qu’exclusivement pour lui-même, en vue de satisfaire ses propres besoins.

La Bourgeoisie, en ne faisant l’homme libre que par sa naissance, l’a, pour le reste de la vie, laissé entre les griffes de l’inhumain (de l’égoïste). Aussi l’égoïsme possède-t-il, sous le régime du Libéralisme politique, un champ d’action extraordinairement étendu. Comme le citoyen emploie l’État, le travailleur emploiera la Société dans un but égoïste. « Tu n’as qu’un but égoïste, ton bien-être ! crie l’Humanitaire au Socialiste : embrasse un intérêt purement humain, si tu veux que je sois ton compagnon. » Mais il faudrait pour cela une conscience plus ferme et plus compréhensive qu’une conscience de pur travailleur.

« Le travailleur ne fait rien, aussi n’a-t-il rien ; mais s’il ne fait rien, c’est parce que son travail, restant toujours individuel et commandé par le besoin immédiat, est sans lendemain . On pourrait penser