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Mais qui fera maintenant rentrer l’Esprit dans son néant ? Celui qui prouva par l’Esprit que la nature aussi est vaine, bornée et périssable, celui-là seul peut prouver la vanité de l’Esprit. Je le puis, et ceux d’entre vous le peuvent dont le Moi ordonne et règne souverain ; celui qui le peut, c’est, en un mot, — l’Égoïste.



Devant ce qui est sacré, on perd tout sentiment de sa puissance et tout courage ; on se sent impuissant et on s’humilie. Rien cependant n’est par soi-même sacré ; moi seul je consacre : ce qui canonise, c’est ma pensée, mon jugement, mes génuflexions, bref, ma conscience.

Est sacré ce qui est inaccessible à l’égoïste, soustrait à ses atteintes, hors de sa puissance, c’est-à-dire au-dessus de lui ; en un mot, sacrée est toute — affaire de conscience : « Ce m’est une affaire de conscience » ne signifie rien d’autre que : « Je tiens cela pour sacré. »

Pour les petits enfants comme pour les animaux, il n’est rien de sacré, car pour s’élever à des notions de ce genre, l’intelligence doit s’être assez développée pour être capable de distinctions telles que « bon et mauvais, permis et défendu », etc. ; ce n’est qu’à ce degré de réflexion ou de compréhension — degré auquel correspond précisément le point de vue de la Religion — que la crainte naturelle peut faire place à la vénération (non naturelle celle-ci, parce qu’elle n’a de racines que dans la pensée) et à la « terreur sacrée. Il faut pour cela que l’on tienne quelque chose d’extérieur à soi pour plus puissant, plus grand, plus autorisé, meilleur que soi ; en d’autres termes, il faut que l’on sente planer au-dessus de sa tête une puissance étrangère, et que non seulement on éprouve cette puissance, mais qu’on la reconnaisse formellement, qu’on l’accepte, qu’on s’y soumette, qu’on se livre à elle pieds et poings liés (résignation, humilité,