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Je crois bien que je dois être devenu tout rouge.

« Madame, dis-je, ces notes sont sans importance, et votre moindre désir est désormais ma loi. Vous avez éprouvé, et vous avez daigné m’exprimer, un doute à mon endroit. Voici les notes déchirées ! »

Et, en effet, elles le furent aussitôt.

« Bon, bon ! Voilà un brave garçon ! » dit la terrible vieille. Et tout de suite elle se mit en devoir de me conduire dans le jardin.

Le frère et la sœur nous attendaient là ; et tous deux, autant que je pouvais en juger dans la demi-obscurité, me semblèrent avoir passé une nuit bien inquiète. Ronald avait honte de me regarder dans les yeux en présence de sa tante. Et quant à Flora, elle avait à peine eu le temps de me jeter un regard, lorsque le dragon la prit par le bras et, sans lui dire un mot, s’avança avec elle, nous précédant dans les sentiers du jardin. Ronald et moi les suivîmes, muets aussi.

Il y avait une porte dans le même mur sur lequel, pas plus tard que la veille au matin, je m’étais trouvé perché. La vieille dame ouvrit cette porte avec une clef ; et, de l’autre côté, nous aperçûmes un homme petit, trapu et d’apparence rude, tenant sous le bras un formidable gourdin, et s’appuyant sur un parapet de pierre qui bordait un fossé.

« Sim, dit la vieille dame, s’adressant à cet homme, voici le jeune gentleman ! »

Sim répondit par un grognement inarticulé et un mouvement de tête qui, dans son esprit, était destiné à faire fonction d’un salut.

« Et maintenant, monsieur Saint-Yves, dit la dame, il est plus que temps pour vous de vous mettre en route. Mais, d’abord, voici la monnaie de votre billet de cinq guinées ! Vous trouverez là quatre livres en billets, et le reste en argent, sauf six pence, que j’ai retenus pour l’escompte. Je crois qu’il y a des changeurs qui retiennent un shilling ; mais je vous ai accordé le bénéfice du doute.