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IX

Le trio devient inopinément un quatuor.


Je passai le reste de la journée à dormir dans le coin du poulailler, sur le châle de Flora. Je fus tout à coup réveillé par une lumière qui brillait très vivement devant mes yeux. Me redressant en sursaut (car j’étais en train de rêver que je descendais le long de la corde, poursuivi par tous les gardiens de la forteresse), je trouvai Ronald, penché sur moi avec une lanterne. J’appris de lui qu’il était minuit passé, que j’avais dormi environ seize heures, et que Flora était revenue deux fois au poulailler sans que je l’entendisse. Les poules, à présent, dormaient profondément. Tout égayé par la perspective d’un souper, je leur souhaitai bonne nuit, suivis mon guide à travers le jardin et fus introduit silencieusement dans une chambre à coucher du rez-de-chaussée de la maison. Mon jeune hôte me montra du savon, de l’eau, des rasoirs, et un costume neuf étalé sur le lit. De pouvoir me raser moi-même sans dépendre du barbier de la prison, me fut une source de plaisir puéril, mais délicieux. Quant au costume, il était aussi élégant que j’aurais pu le souhaiter. Le gilet était du plus beau nankin, la culotte de fin casimir d’Écosse, et l’habit me seyait le mieux du monde.

Après m’être une dernière fois admiré dans la glace, je suivis mon guide, toujours avec les mêmes précautions, dans la petite salle à manger vitrée du cottage. Les volets étaient clos, l’abat-jour de la lampe discrètement baissé ;